Comment devient-on influenceuse de joie ?

Devant un café-théâtre à Marseille où je vais jouer le soir. En bas à gauche, l’affiche de mon spectacle
(Photo : David Zaw)

« C’est Martine Plaucheur, une créatrice qui nous fait beaucoup rire sur le Net ». C’est ainsi que j’ai été présentée, la semaine dernière, à un événement qui réunissait des créatrices Marseillaises du monde de la communication, de l’entreprise et de la culture. Si l’on m’avait interrogée sur mon activité, j’aurais répondu, par une habitude devenue un réflexe: auteure et comédienne. Mais le regard des autres – lorsqu’il est sincère et bienveillant – voit souvent ce qui nous échappe, et révèle une facette de nous inattendue, instructive, et juste : oui, depuis plusieurs années, je poste sur les réseaux sociaux et je joue sur scène des « trucs fendards ».

Là encore, ce sont les autres, le rire des autres, exprimé par des « lol » « mdr » « tu m’as tué », mentionnés au bas de mes vidéos sur Facebook, Insta, Youtube, et par des « hi hi » « ha ha », ponctuant mes répliques sur scène, qui ont validé ce fait : je fais marrer.

C’était pourtant plutôt mal barré pour une carrière d’humoriste : de doctes études de lettres, un très sérieux mémoire sur Marcel Proust, 10 ans à occuper un poste de « chargé de mission » dans notre vénérable Administration française… Bon sang, à quel moment ça a dérapé ?

D’une nature joyeuse

Je crois que notre nature est là, posée, dès le départ. Qu’ensuite, la vie nous en éloigne. Puis qu’un événement bouleversant survient, séisme qui ébranle toutes nos constructions factices, et nous ramène à notre vérité originelle. C’est en tout cas ce qui m’est arrivé et, sans entrer dans les détails impudiques de « ma vie », je me souviens qu’enfant, j’aimais me donner en spectacle comique. Et que mes petits camarades de classe me réclamaient mon imitation inimitable, avec les yeux qui louchent et la main qui se balade dans les cheveux de façon hystérique, de Dalida (grande dame à qui je rends aujourd’hui un hommage dans ma pièce : retour à l’origine, on y revient…)

Cette inclination vers le rire s’est transformée en penchant avéré, quand j’ai rencontré David Zaw, incontrôlable trublion de la vidéo et de la scène, fort d’une longue pratique de « conneries en tous genres », avec qui nous nous sommes associés pour créer (j’allais dire « commettre ») en 2014, le label indépendant Zéro Patron, dont l’immortelle et mortelle devise est : « Les productions qui ont pas peur d’être cons ». Dès lors, j’étais irrécupérable. Pour les sphères sérieuses de la société, les personnes drapées dans une digne gravité, les adeptes farouches de la sinistrose, l’Académie des Belles-Lettres, et le grand Art Dramatique français. Au passage, voilà le lien vers la chaîne Youtube Zéro Patron : https://www.youtube.com/channel/UCzW-t2z7dVs8qHKsqC4IUlA

Un blog pour la joie

Depuis, j’éclabousse la joie un peu partout sur la Toile, et sur les scènes où l’on veut bien de nous, avec la troupe de sales gosses farceurs que forment les Zéro Patron. Et c’est en m’entendant présenter comme « une créatrice qui fait rire » (vous admirerez ma capacité à revenir à mon propos du début, avec une souplesse sémantique comparable à celle du chat qui retombe sur ses pattes), que m’est venue l’idée de regrouper mes pitreries jetées aux quatre vent de la rigolade, en un blog de joie unique. J’eusse aimé l’appeler « le blog de martine, fille de joie », mais cette magnifique expression était déjà prise, et le sens qu’on lui connait eût pu prêter à confusion, et à une déception bien légitime, quant au contenu de ce blog. Lequel n’a pas d’autre but, à la fois simple et, je le crois, louable, en ces temps de nouvelles alarmistes – pour ne pas dire carrément flippantes – de vous faire ressortir d’ici le coeur un peu plus léger voire – récompense suprême pour moi – un sourire persistant accroché à vos lèvres.

Vous êtes arrivé au bout de ce (trop) long texte inaugural ? Bravo ! Puissent les articles et les vidéos que vous allez découvrir vous récompenser de votre peine au centuple, en monnaie de joie !

L’Odyssée bleue des mots infinis

Parlons-nous d’amour

… redisons-nous, encore et encore, des choses tendres.

Un ministre qui entre dans les annales

Les Français sont taquins. Ils se gaussent de leur Ministre de l’Economie, car celui-ci a publié un roman, où l’héroïne connaît le miracle d’une « dilatation comme jamais » (sic), au niveau d’une partie très intime de son anatomie. Je prétends, moi, que cet homme est un héros, pour avoir enfin osé dire la vérité : nous nous faisons allègrement entuber par nos dirigeants. Bravo Bruno ! Avec votre coup d’éclat dilatateur, vous venez d’entrer, à la fois par la porte étroite et par la grande, dans les anNales de l’histoire !

*C’est moi qui souligne le 2ème « n », de peur qu’une malheureuse coquille ne sème une malséante ambiguïté sur mon éloge sincère.

La bêtise ne connait pas de répit…

… et Connerie Virale TV ne chôme pas !

Sous la houlette de la rédactrice en chef Trampoline de Merdian, les équipes de ce média 100% indépendant restent mobilisées pour relayer la progression de l’idiotie en France et dans le monde.

Humoristes en colère, traque contre les complotistes, allocutions de la Présidente idiolandaise, annulation du voyage du Roi Charles en France, message de la diabolique Pandémonia, beat de rap sur casseroles, et dîner gastronomique de blattes… sont au menu copieux de la programmation ces dernières semaines.

Les voici en replay sur ce blog si vous les avez ratées.

« Tu n’arnaqueras point ton prochain »

le 11ème commandement

Si tu ne vas pas à l’arnaqueur, l’arnaqueur viendra en toi… c’est la morale de la petite mésaventure que je m’en vais vous conter. Et qui – cessons tout de suite un insoutenable suspense – s’est bien terminée.


Je vous la partage car, on a beau éviter soigneusement de ne pas tenter les diables-escrocs, les arnaques qui pullulent en ce moment sont à la fois si vicieuses et bien ficelées, que même les plus malins d’entre nous peuvent s’y faire prendre…

Tout commence par une prise de contact par mail : une entreprise souhaite faire appel à mes services d’écrivain public, et me demande un devis. Vérification immédiate sur Internet : l’entreprise existe, elle a un numéro de siret, une domiciliation. J’ai même un contact précis, avec un nom, un numéro de téléphone. Et une commande avec un cahier des charges en bonne et due forme. Jusque-là, aucune raison de me méfier.

Marché conclu. Avant de commencer le boulot, je demande, comme à ma prudente habitude, le versement d’un acompte. Client OK, échange de mails pros et courtois: jusque-là, toujours aucune raison de me méfier.

Le lendemain, message du client inquiet et désolé : son comptable a confondu les RIB. Et m’a viré 1550€, au lieu des 50 attendus. Qu’il se rassure : je suis une personne honnête, et j’effectuerai le remboursement sitôt l’argent crédité. L’erreur est humaine : je ne me méfie toujours pas.

Trois jours plus tard, les 1550€ arrivent sur mon compte. Entre-temps, échanges réguliers avec le client, de plus en plus anxieux et pressé de récupérer cette somme qui lui fait défaut… Par chance, les délais pour les opérations de virement, et les vérifications de ma banque, ont stoppé l’escroquerie en cours : le faux commanditaire (dont je suppose qu’il a « piqué » l’identité d’une vraie entreprise) avait crédité mon compte avec un chèque frauduleux. Lequel a été presque immédiatement rejeté. Sans quoi, j’étais refaite de 1550€.

Si la même mésaventure vous arrive, sachez qu’un élément doit vous alerter: l’arnaqueur ne peut pas vous faire un virement direct. La somme apparaîtra donc sous la forme d’un dépôt de chèque. C’est précisé dans le détail de vos opérations. Et c’est là que j’aurais dû subodorer l’embrouille.

A l’instar du corbeau de la fable, on ne m’y prendra plus. Et fort heureusement pour moi, je le jure, alors qu’il n’est pas trop tard.

Pour finir, je voudrais ajouter une réflexion personnelle. De telles pratiques sont d’autant plus dommageables et, disons le tout net, dégueulasses, qu’elles sont en train de détruire les rapports de confiance sur lesquels nous, humains, avons besoin de baser nos échanges, y compris commerciaux. Surtout, comment pouvoir continuer à travailler décemment, avec la crainte de ne pas être justement rétribué, ou pire, d’être volé ? Si les escrocs de bas étage continuent à nous priver de nos moyens de subsistance, c’est la fin des « petits » indépendants qui est annoncée.

Martine Plaucheur : ça déménage !

… au sens littéral du mot.

Jugez plutôt : 3 déménagements en 3 ans. Soit, le calcul est simple, un par an.

Damned, serais-je atteinte d’un nouveau virus se caractérisant par une bougeotte effrénée?!

Avant de tirer des conclusions hâtives, laissez-moi vous exposer le malheureux enchaînement de circonstances, qui m’a amenée à ce que les chantres de la novlangue appelleront une « instabilité habitationnelle »…

Paradoxalement, ou au contraire logiquement, c’est l’enfermement du premier confinement qui a initié ce cycle de voyages d’un logement à l’autre. Car figurez-vous que, quand je me suis retrouvée coincée entre mon minuscule balcon sans soleil (dont je m’accommodais fort bien jusque-là) et les bruits effroyables causés par la rénovation complète de l’appartement du dessus (le confinement a déclenché des envies de bricolage intempestives), j’ai entendu, moi l’urbaine de toujours, l’appel de la nature. Un appel évident, irrésistible : « Du vert ! je veux du vert ! sous tous les tons et toutes les formes, plantes, feuilles, arbres, haies, arbustes, avec des pioupious qui chantent dedans ! » Seulement, essayez donc de déraciner une Marseillaise pur jus (de Pastis ? non, pas ma tasse de thé), de surcroît native du légendaire quartier du Panier ! Le vrai Panier, peuplé jadis de figures authentiquement pittoresques, glorifiées de surnoms plus créatifs que tout l’aréopage des auteurs Français, criant de balcons à balcons avec un coffre impressionnant hérité de leurs aïeux ritals… Ce Panier-là, oui, parfaitement ! pas celui de carton-pâte recréé en studio par une série qui l’a rendu célèbre au-delà du Vieux-Port. Mais qui ne nous a pas rendu la vie plus belle, en nous attirant des hordes de touristes naïfs, ravis de claquer leur fric, peucheure ! dans des breloques made in China à l’effigie des héros de leur feuilleton, et des faux savons de Marseille qui ne trompent pas le nez de l’autochtone. Et puis, Marseille, c’est là où j’ai « mes réseaux » et où je m’en sors le mieux, pratiquant ma ville avec ses particularités étranges et ses lois non dites, depuis 53 ans. Et puis… ici, il y a les gens que j’aime. A contrario de Marius, je ne puis me résoudre à les quitter pour courir le monde.

Me mettre au vert, mais sans quitter Marseille, avec le budget pas mirobolant de la revente de mon T2 : tel est le double défi qui s’est imposé à moi. Je pensais donc que ma recherche serait longue, mais dès la première annonce immo, bingo ! je trouve la (toute petite) maison de mes rêves… qui tournèrent rapidement au cauchemar : 3 mois plus tard jour pour jour, on me notifie officiellement que le passage du tramway la condamne à la démolition. Je m’en souviens encore, j’étais en train de réceptionner des outils pour mon futur jardin. Je ne les ai même pas déballés. L’omission volontaire, ou la légèreté négligente d’un vendeur qui n’a pas jugé nécessaire de me signaler ce point de détail : « Au fait ! je vous vends une maison qui va être rasée ! », couplée à une regrettable étourderie administrative : « Ca arrive à tout le monde hein, avec toutes les demandes de notaires qu’on doit traiter! », m’ont mise dans cette m… enfin, je veux dire, dans cette situation délicate, résumée en 13 lettres (je confirme que le 13 ne porte pas bonheur) : EXPROPRIATION.

Heureusement que j’ai eu, comme on dit, de la chance dans mon malheur : l’Administration a tout de suite reconnu et réparé son énorme bourde. Et puis, n’étant pas la « material girl » chantée par Madonna, je l’ai beaucoup relativisé, mon « malheur » : j’étais en bonne santé et aimée. Je n’avais plus de maison mais j’avais tout. Cela dit, les tracasseries du quotidien se sont quand même pas mal acharnées pendant cette période… en principe, j’avais un an pour retrouver un logement. Mais une fuite des eaux usées dans toute la baraque (qui semblait se venger de son funeste sort, en devenant la version marseillaise d’Amityville, avec un Diable surgi des égouts) a précipité mon départ… Or, on le sait, la pression empêche les choix sereins.

Cette mésaventure ne me découragea pas : d’un naturel tenace, je ne renonçai à ma quête d’une herbe plus verte ailleurs sans sortir de Marseille… Août 2021, je trouve un grand appartement dans mes prix, surtout, situé pile face à un parc où trône un cèdre immense, majestueux, grandiose !… Manifestement, je n’ai vu que lui quand j’ai visité. Car 1 an et 4 mois après, je refais mes cartons, poussée dehors cette fois, non par un déluge des eaux domestiques, mais par mon incapacité à la vie quotidienne dans « un grand ensemble », vous savez, ce genre d’immense copro où même avec le voisinage le plus humain qui soit (c’était pourtant le cas), la taille disproportionnée et l’uniformité des bâtiments garde toujours un aspect déshumanisé. Sans parler de la promiscuité quasi permanente, dont mon tempérament – non point complètement misanthrope, mais tout de même un peu ours des bois – n’arrivait pas à s’accommoder.

J’écris ce texte depuis mon nouveau, et j’espère non éphémère chez-moi. Gardant à l’esprit cette phrase de Jim Harrison : « Où suis-je donc chez moi si un tel lieu existe? »… « Chez moi », alors que nous laisserons toutes nos possessions matérielles en partant. « Chez moi », appellation présomptueuse et dépourvue de sens, sauf à considérer que chez moi, c’est mon monde intérieur, plus précisément, ce point inaliénable et sacré où on peut se poser quand on veut, quelque soit l’environnement extérieur. Néanmoins, je voudrais me poser ici aussi, dans cet appartement « comme une maison » disait l’annonce, en rez-de-chaussée d’un petit immeuble très ancien, au calme malgré la proximité du centre ville, et avec un jardin. Enfin, il va falloir désherber, planter, débarrasser, retaper le cabanon du fond rongé par le lierre et l’humidité… mais c’est en projet.

Avant de finir le récit de mes pérégrinations immobilières, je tiens à remercier les agents de la profession pour leur patience, les notaires pour leur accompagnement sans faille dans mes ventes et rachats multiples, ainsi que tous les proches, amis, et inconnus, qui m’ont aidée à déménager par trois fois : leur offrir une crémaillère trois fois plus réussie que la normale est le moins que je puisse faire. Mais avant ça, je dois réaliser des travaux pour rafraîchir ces vieux murs. Ah les chantiers, le monde du bâtiment ! Une nouvelle aventure commence…

(Photo : Brooke Shaden)

Comme un cheval libre…

En quittant mon boulot de cadre dans la fonction publique, voilà 10 ans (quelle délivrance à aucun moment regrettée !) j’ai quitté le mode de vie qui allait avec.

Je consommais, je CONsommais, pour me payer des futilités qui ne me servaient à rien. Ou plutôt si, à une chose : compenser par de faux plaisirs un travail que je détestais, parce que ce n’était pas moi, cette « fonctionnaire chargée de mission ».

Et puis, je donnais le change à la « société » en participant à ses activités. En plus d’un statut professionnel et d’une fiche de paye, ça fait de vous une personne intégrée.

Tout ce cirque m’emmerdait. Mais profondément, prodigieusement!

J’y ai mis un terme pour entrer dignement et joyeusement dans la quarantaine.

J’ai adopté un mode de vie le plus simple possible, je veux dire, le plus affranchi possible des apparences, des obligations, des trompe-couillons qui nous détournent de l’essentiel : exprimer et offrir le meilleur de nous-mêmes.

Et rire et aimer.

C’est tout.

(Photo-éloge d’une magnifique coupe naturelle, car je ne vais plus jamais chez le coiffeur. Tout en comprenant parfaitement que d’autres y aillent, et c’est heureux pour la profession. Mes choix sont dénués de tout prosélytisme, et chaque être est libre des siens).

Quand la littérature se déconfine

Pendant le confinement, 4 auteurs marseillais se sont déconfinés par le seul pouvoir libérateur et cathartique de la littérature.

Cathartique, parfaitement. Alors autant vous prévenir tout de suite : leurs récits en roue libre (un effet de la fièvre qui s’emparait alors des corps et des esprits ?) sont iconoclastes, irrévérencieux, totalement en dehors des clous fixés par la doxa officielle.

*En exclusivité dans cet ouvrage : une interview du virus star par Henri-Frédéric Blanc.

Tyrannovirus, recueil collectif par Henri-Frédéric Blanc, Olivier Boura, Jean-Pierre Cramoisan, Martine Plaucheur – disponible sur commande chez tous les libraires – 12€

Une intelligence trop subtile pour nous

Penser par soi-même, en se référant à nos lectures, notre savoir théorique et empirique, les réflexions engrangées au fil de notre vécu, notre bon sens (sans pour autant nous exonérer de la complexité du réel, au contraire)… quelle drôle d’idée ! Non, il nous faut écouter et suivre nos maîtres à penser, et notamment, ces guides d’une espèce nouvelle, dotés d’une intelligence particulièrement profonde, subtile, originale…

Et ne nous avisons surtout pas de chercher à comprendre : nos esprits grossiers et limités ne sont pas équipés pour se hausser à un tel niveau de génie.